Par exemple six par an, ou environ.
J'étais dans mon lit le soir et j'arrivais pas à dormir, j'essayais de déglutir le moins possible parce que c'est doulourogène, et puis je me disais que je savourais pas mon bonheur quand je pouvais déglutir tout à loisir sans avoir mal.
Alors des fois je suis là et j'ai pas d'angine, et j'avale ma salive et je me dis quand même c'est chouette de pouvoir le faire sans une sorte de grimace parce que ça fait mal (oui parce que je suis une petite nature, et j'aime pas les médicaments aussi alors j'attends que ça passe tout seul, et des fois c'est long et il est 4h du mat et tu peux pas dormir alors tu regardes le Cercle des Poètes Disparus, mais en anglais sous-titré en angais pour être sûre d'être concentrée).
Et aussi des fois je m'étire, ou alors je sais pas je me baisse, et je me dis c'est cool de pouvoir se baisser sans avoir mal au dos, en prévision de quand je serai vieille.
Quand on est vieux on a mal partout mais j'ai jamais été vieille alors je sais pas exactement comment.
J'ai déjà eu des angines alors je sais où ça fait mal et tout, mais la vieillesse j'ai jamais attrapé ce truc alors je sais pas, donc je fais au hasard.
Et ça pourrait s'appliquer à plein de choses mais j'y pense pas assez.
Y'a quelque chose qui dit quelque chose d'ailleurs. Mais je sais plus vraiment quoi.
Comme quoi c'est une fois qu'on a perdu bidule qu'on se rend compe à quel point on y tenait. Alors voilà je tiens à ma déglutition sans avoir à faire la drôle de grimace, et à pouvoir me baisser sans avoir mal au dos.
Mais je tiens aussi à d'autres choses et puis je le dis pas, comme mes amis.
Jamais je leur dis à quel point je tiens à eux mais c'est le cas, et puis des fois ils s'en rendent peut-être pas compte tout seul ou je sais pas, je devrais leur dire mais je peux pas. J'aimerais bien mais je vois pas comment.
C'est comme quand on me dit qu'on m'aime bien ou beaucoup bien ou qu'on m'adore ou que sais-je, à chaque fois je m'esclaffe, c'est cet esclaffement, le même que quand on me fait un compliment, l'esclaffement qui équivaut à un rougissement.
Et puis il y a ces messieurs-demoiselles qui sortent peu à peu de ma vie, ils me manquent quand même, saperlipopette.
Et je leur dis pas je laisse ça coi.
Je sais pas quoi leur dire, je pourrais pas leur dire qu'ils me manquent, et une conversation ça se construit pas avec un "salut, ça va ?".
Ces gens du collège là , ou du lycée, ou d'ailleurs, ils disparaissent petit à petit, et quand j'étais avec eux je pensais jamais à me dire à quel point c'était chouette pour me préparer au moment où ils ne seraient plus là .
Et puis c'est quand on a perdu bidule qu'on se rend compte à quel point on y tenait.
Maintenant j'attends plus d'avoir perdu, alors je suis dans mon lit et je me dis que c'est chouette de pouvoir déglutir, je me penche et je me dis que c'est chouette de pas avoir mal au dos, je leur parle et je me dis que c'est chouette de les connaître et de profiter de leur présence.
Je pourrais pas te faire une liste parce que c'est pas ce genre de choses qu'on fait, je crois.
Mais tu pourrais voir de qui je parle.
Et puis si tu fais partie de mes mauvais marchés sûrement tu en fais partie.
Quelques personnes c'est pas besoin de leur préciser, mais d'autres si peut-être, je sais pas.
Alors j'attends plus d'avoir perdu pour me le dire mais je le dis toujours pas aux autres gens, je suis ballote mais qu'y puis-je ?
Aussi je me dis, quand je demande si ça va et qu'on me dit que ça va, je pense que ça va. Je sais même pas si j'y crois vraiment, ou si je me dis "peut-être la personne dit ça par habitude ou parce qu'elle a pas envie ou que sais-je", mais en tout cas je fais comme si ça allait.
Et puis quand ça va pas je m'en rends pas compte ou alors peut-être que je m'en rends compte mais que je me souviens que la personne a répondu "ça va", mais enfin voilà , c'est du pareil à l'idem.
Des fois j'ai du mal à m'imaginer qu'on puisse mentir, c'est bête mais c'est comme ça.
Je dis toujours que je dis pas de mensonges et bien sûr des fois je dis pas toute la vérité, mais ça veut pas forcément dire que je mens. Quand on a raté une minute ou deux d'un film parce qu'on répondait au téléphone ou parce qu'on parlait ou parce qu'on pensait à autre chose, on dit qu'on a vu le film, alors c'est pareil.
Mais après c'est le côté crédule qui ressort, je me dis que les gens ils doivent pas me raconter de mensonges.
Des fois on se rend compte qu'on a tort et alors on tombe des nuages, parce que vraiment, pourquoi mentir quand on est prêt à entendre toute vérité ?
C'est pas une découverte que deux choses désagréables sont pires qu'une seule. Généralement quand on ment c'est pour cacher quelque chose de désagrable, et la nouvelle en elle-même est déjà pas chouette, on est pas en plus obligé d'apprendre en même temps que la personne nous a menti, et qu'on s'était fourvoyé pendant tout ce temps.
Enfin je crois.
Mais les gens quand même ils mentent, même pour répondre à des trucs simples ils veulent pas, alors tant pis.
Voilà je dis ça mais je sais plus pourquoi, ma soeur est arrivée dans ma chambre pour que je traduise ses cartes Pokémon (quand c'était la primaire je jouais aux pogs et aux billes plutôt, mais ça doit se valoir). Alors maintenant je me souviens plus.
Hier soir je pensais à ça, on m'a dit d'éviter les questions avant de dormir alors j'ai fait, pas de points d'interrogations mais que des phrases déclaratives, et entre temps j'ai dormi alors j'ai oublié.
J'ai rêvé qu'on allait me greffer un nouveau bras et c'était celui de Lise, mais son bras ressemble pas au mien alors il fallait qu'elle soit d'accord pour me passer les deux, et on était dans une salle de chimie et ils me méprisaient parce que j'avais fait de la physique aussi, et quelqu'un dessinait la représentation d'un cheval rien qu'avec les élèments de la classification de Mendeleiev, mais ça faisait l'image d'un poulet, et il aurait fallu une feuille de 20km de côté pour dessiner toute la représentation.
On était en cours de canons culturels sauf que c'était le prof d'histoire médiévale, il nous passait un extrait de film mais en même temps la photocopie d'un livre qu'il avait trouvé dans sa jeunesse. Le cours se finissait à 12h et il était 13h40 et on était encore tous là , sauf que Lise commençait à 14h alors je me disais elle a même pas mangé.
Et en fait je dormais pas vraiment parce que mes parents sont rentrés de la brocante (ils aiment bien acheter des trucs moches dans les brocantes, ou acheter des figurines de chouettes pour faire comme si on était une secte j'ai l'impression) ils sont rentrés et ils sont passés à côté de ma chambre, ma mère m'a parlé et je l'ai entendue et j'étais réveillée, alors comment je peux rêver si j'étais réveillée ?
Et aussi à chaque fois qu'il y a un empêcheur de tourner en cercle c'est pas forcément moi, sinon ça tombe dans la paranoïa là .
En fait le mariage je l'avais prévu et si vous avez oublié la raison c'est pour me faire moins de travail niveau malédiction, alors je vois pas pourquoi j'essayerais de le faire rater m'enfin.
Quand même des fois, souvent, je privilégie le plaisir au devoir alors je sais pas, mais en tout cas je suis pas blonde et c'est surtout les blondes qui aiment bien embêter le roux je crois, alors hein.
Enfin depuis que je suis petite j'ai toujours bien aimé avoir des oreilles qui traînent partout (mais elles restent accrochées à ma tête quand même), alors je suis au courant quand je peux, sinon je trouve le moyen de l'être.
Mais c'est pas toujours moi l'empêcheuse de tourner en cercle saperlipopette.