J'ai lu un livre l'autre jour, et c'était formidable parce que l'auteur tenait vraiment à ses lecteurs.
Sa technique, c'est qu'à chaque fois qu'il sous-entendait quelque chose, dans la phrase d'après il t'expliquait ce qu'il venait de sous-entendre, pour être bien sûr qu'il perde pas des lecteurs en route.
C'est l'histoire d'une fille qui tient un café et qui mène une enquête. À un moment elle utilise une fausse identité :
"Ce même jour, à quatre heures précises, Mrs. Sarah Richmond - ou du moins, celle qui se faisait appeler ainsi - arriva à Berkeley Square."
À un autre moment, elle va voir le boucher Mr. Sanders, pour discuter avec lui seul à seul, et là y'a les commères du quartier qui commèrent :
"D'aucunes n'hésitèrent pas à en tirer la conclusion absurde et calomnieuse que [...] la mère Sanders ferait bien de tenir son bonhomme à l'oeil, sous-entendu qu'autrement le boucher bien en chair risquait de succomber sans mal aux charmes de la patronne de café."
D'autres fois, quand y'a pas de sous-entendu à dé-sous-entendre, l'auteur il se lance dans de grandes grandes phrases avec plein de mots et de propositions, qui veulent pas dire grand chose mais il aime bien quand même.
"Dans un autre [box] se trouvaient deux marchands des quatre-saisons qui argumentaient à propos des mérites respectifs des mules et des ânes, tous deux pouvant de targuer de l'entêtement que l'on prêtait à leurs bêtes de somme favorites."
Je sais pas si tu es plus doué que moi, mais j'ai du la relire deux fois la phrase, pour la comprendre. Et finalement c'était pas la peine parce qu'elle sert à rien. Mais ça utilise 5 lignes alors c'est bien.
L'histoire elle se passe au XIXe siècle à Londres. Et ça implique encore un truc saoulant, c'est l'auteur qui veut montrer qu'il a bien étudié Londres au XIXe siècle, que ses recherches furent longues et fructueuses et blablabla, et qu'il a pas commencé son roman un jour d'ennui entre le café et la douche.
Donc à chaque fois qu'il peut recaser de petites références qui ont rien à faire dans l'histoire, il le fait. Et surtout, le pire, c'est qu'à chaque fois qu'un personnage se déplace, il te fait tout le trajet rue par rue.
"L'infirmière traversa Mayfair par un itinéraire direct : elle passa l'angle de Grosvenor Square, longea Duke Streer, et poursuivit ves le nord."
Le presque mieux du mieux c'est quand même dans les dialogues. Il fait exactement ce que je faisais quand j'étais jeune et innocente et que je voulais écrire un roman. Pour pas dire "dit-il" tout le temps, il utilise des synonymes. Mais le truc qui fait pas du tout naturel, parce qu'à chaque fois qu'ils parlent il utilise un verbe différent avec vingt-cinq qualificatifs.
"[...] Insista calmement Mrs. Tanner.
[...] maugréa Cranks d'une voi pâteuse.
[...] répondit Mrs. Tanner avec une naïveté délibérée.
[...] rétorqua Mr. Cranks, bopuffi d'un orgeuil d'ivrogne.
[...] intervient Arthur DeSalle."
Sa technique, c'est qu'à chaque fois qu'il sous-entendait quelque chose, dans la phrase d'après il t'expliquait ce qu'il venait de sous-entendre, pour être bien sûr qu'il perde pas des lecteurs en route.
C'est l'histoire d'une fille qui tient un café et qui mène une enquête. À un moment elle utilise une fausse identité :
"Ce même jour, à quatre heures précises, Mrs. Sarah Richmond - ou du moins, celle qui se faisait appeler ainsi - arriva à Berkeley Square."
À un autre moment, elle va voir le boucher Mr. Sanders, pour discuter avec lui seul à seul, et là y'a les commères du quartier qui commèrent :
"D'aucunes n'hésitèrent pas à en tirer la conclusion absurde et calomnieuse que [...] la mère Sanders ferait bien de tenir son bonhomme à l'oeil, sous-entendu qu'autrement le boucher bien en chair risquait de succomber sans mal aux charmes de la patronne de café."
D'autres fois, quand y'a pas de sous-entendu à dé-sous-entendre, l'auteur il se lance dans de grandes grandes phrases avec plein de mots et de propositions, qui veulent pas dire grand chose mais il aime bien quand même.
"Dans un autre [box] se trouvaient deux marchands des quatre-saisons qui argumentaient à propos des mérites respectifs des mules et des ânes, tous deux pouvant de targuer de l'entêtement que l'on prêtait à leurs bêtes de somme favorites."
Je sais pas si tu es plus doué que moi, mais j'ai du la relire deux fois la phrase, pour la comprendre. Et finalement c'était pas la peine parce qu'elle sert à rien. Mais ça utilise 5 lignes alors c'est bien.
L'histoire elle se passe au XIXe siècle à Londres. Et ça implique encore un truc saoulant, c'est l'auteur qui veut montrer qu'il a bien étudié Londres au XIXe siècle, que ses recherches furent longues et fructueuses et blablabla, et qu'il a pas commencé son roman un jour d'ennui entre le café et la douche.
Donc à chaque fois qu'il peut recaser de petites références qui ont rien à faire dans l'histoire, il le fait. Et surtout, le pire, c'est qu'à chaque fois qu'un personnage se déplace, il te fait tout le trajet rue par rue.
"L'infirmière traversa Mayfair par un itinéraire direct : elle passa l'angle de Grosvenor Square, longea Duke Streer, et poursuivit ves le nord."
Le presque mieux du mieux c'est quand même dans les dialogues. Il fait exactement ce que je faisais quand j'étais jeune et innocente et que je voulais écrire un roman. Pour pas dire "dit-il" tout le temps, il utilise des synonymes. Mais le truc qui fait pas du tout naturel, parce qu'à chaque fois qu'ils parlent il utilise un verbe différent avec vingt-cinq qualificatifs.
"[...] Insista calmement Mrs. Tanner.
[...] maugréa Cranks d'une voi pâteuse.
[...] répondit Mrs. Tanner avec une naïveté délibérée.
[...] rétorqua Mr. Cranks, bopuffi d'un orgeuil d'ivrogne.
[...] intervient Arthur DeSalle."
L. Jackson, L'ange de Leather Lane, Editions 10/18, 2009.
Le pire dans tout ça, c'est que ce livre c'est le sixième d'une série, et ça m'a donné envie de lire les autres tomes pour savoir ce qui arrive à la fille. Mais je sais pas si je vais supporter ce style décapant pendant 5 livres, ou même un seul.