C'est ce que je vais vous narrer ici. Je dois admettre que je suis un privilégié car nombreux sont ceux qui ont tenté avant moi de percer son secret, et tout aussi nombreux sont ceux qui ont échoué. Les recherche au sujet de Ciboulette ne sont pas faciles, notamment à cause de la réaction du roi, qui, une fois qu'elle l'eut trahi et eut fui, brûla tous les écrits relatant ses exploits, toutes ses recettes, tous ses mémoires, absolument tout…ou presque. Les souverains souvent ignorent les détails cachés de leur royaume, souvent ils ignorent que nombre de leurs sujets ont caché des écrits dans la peur que sa réaction soit ce qu'elle fut. C'est ainsi que grâce à nombre de « services » rendus, et aussi grâce à la petite fortune que mes parents m'avaient léguée, j'ai pu patiemment réunir les écrits me permettant de retracer une grande partie de la jeunesse de cet être exceptionnel que fut Ciboulette l'herboriste.
Dans sa jeunesse, Ciboulette commença comme toutes les jeunes filles de bonne famille à vivre chez ses parents qui comptaient la marier à un homme bien placé de la région afin qu'elle sache, comme tous les enfants, subvenir aux besoins de ses parents dans leurs vieux jours. Mais cela ne suffit pas à Ciboulette…vers ses 17ans, elle commença à être attirée par la vie extérieure, elle ne pouvait se contenter de sa petite bourgade natale et voulait découvrir des horizons nouveaux et pour cela elle ne trouva qu'un moyen. Elle capturait des oiseaux, connus pour les grandes distances qu'ils parcourent à chaque changement de saison et leur accrochait des messages aux pattes. Elle ne savait pas si quelqu'un trouverait un jour un de ses messages, mais elle gardait bon espoir. Ses parents, ne voulant pas troubler sa jeunesse, la laissait faire. Puis vinrent les réponses, parfois par le même oiseau, parfois par messager. Elle se tissa ainsi une vraie toile d'araignée qui s'étendait au-delà des frontières, au-delà des océans et au-delà des guerres (cela n'est en fait que les prémisses du réseau de fournisseur qu'elle utilisera plus tard pour lui fournir toutes les herbes dont elle a besoin dans ses préparations, il s'agit là d'un de ses secrets les mieux gardés).
Puis un jour, elle tomba sur quelqu'un de différent, il n'était pas de son pays, il était marin. Peut-être même un jour deviendrait-il ennemi de son état, mais cela, elle s'en souciait peu car il lui plaisait et cela lui suffisait. Cet homme lui proposa une chose toute simple, venir le voir dans son pays natal afin qu'ils fassent connaissance et qu'elle voit autre chose que son village natal, elle accepta sans hésiter. C'est ainsi qu'elle partit, seule en pays inconnu, à la rencontre de cet inconnu qui lui proposait de découvrir des horizons nouveaux.
Et elle y prit gout. Je peux ici affirmer sans trop de doute que si cet homme ne l'avait pas invitée, jamais elle ne serait devenue ce qu'elle fut. En effet, sans lui elle n'aurait pas prit gout à la nature, aux choses simples de la vie ; sans lui, jamais elle n'aurait eu envie de recommencer à voyager et ainsi jamais elle n'aurait pu découvrir sa vocation.
En effet, l'année suivant leur rencontre, il lui proposa un nouveau voyage, plus long et dans son propre pays cette fois-ci. Bien entendu elle accepta à nouveau avec empressement. Et ils partirent pendant une lune à 2 chevauchant à travers la campagne jusqu'à des endroits inconnus de tous que seul leur amour pouvait les pousser à trouver. C'est durant ce voyage qu'elle se rendit compte qu'elle comprenait l'essence même de chaque plante. Elle se rendit compte qu'elle pouvait sans problème choisir les plantes qui, une fois mélangées, fourniraient une potion contre la fatigue ou au contraire en changeant une plante, une potion pour favoriser le sommeil.
C'est alors qu'à son retour elle chercha les personnes les mieux placées pour lui apprendre ce métier qu'elle désirait plus que tout pouvoir pratiquer, l'herborisme. C'est ainsi qu'elle parcouru à nouveau les régions de son pays à la recherche de ces praticiens bien peu reconnus et si peu appréciés sans jamais cesser de penser a son être aimé qu'elle savait retrouver une fois sa formation terminée.
Cette formation elle l'acheva au château royal. Comme le veut la tradition, son dernier maitre devait choisir pour elle un endroit où elle exercerait sa profession jusqu'à ce qu'elle sente qu'elle avait abouti sa formation. Et ce maitre choisit le château royal. Il savait bien qu'en cette période de difficultés intenses pour le pays, seule une personne avec une aussi forte personnalité que Ciboulette pourrait aider le roi et ses ministres à remonter la pente, uniquement par sa présence. Et il ne se trompait pas le vieil ermite, peu de temps après son arrivée, la vie du château avait reprit sa vivacité et son efficacité, jamais le royaume n'avait connu telle opulence, et bien entendu personne ne se doutait de la personne qu'il fallait remercier.
Mais Ciboulette n'était pas heureuse, son cœur tendait toujours vers le pays voisin, celui où l'élu de son cœur travaillait si dur pour une seule chose : permettre à sa bien aimée d'avoir une vie confortable une fois qu'elle le rejoindrait.
Ce qu'elle fit peu de temps après. Voyant que son rôle était terminé elle voulut partir mais eut le malheur d'en informer son roi. Ce dernier, si avide et cupide, ne désirait pas laisser partir la source de son succès, aussi l'enferma-t-il dans sa tour. Mais Ciboulette ne se laissa pas faire ! Jamais il ne faut négliger l'importance des amis qui peuvent aider quelqu'un. C'est donc grâce à l'aide de son apprenti mais aussi de ses amis les plus proches du château (et aussi grâce à quelques poudres bien utiles pour endormir les gardes) qu'elle se faufila un soir hors du château pour se dépêcher de filer là où son cœur la guidait depuis toujours.
C'est ainsi que se finit l'histoire de la jeunesse de Ciboulette, mais chuuuut cela doit rester entre nous…