Clochette est morte.
Je la connaissais bien, alors je peux te parler d'elle. [En plus je sens que tu en meures d'envie ^^]
Elle était née un jour de mars, l'année dernière, et avait été baptisée peu de temps après, le dimanche de Pâques, en début d'après-midi.
Clochette, comme la fée, parce qu'elle était le génie de la lampe. Clochette, comme les cloches de Pâques qui apportent du chocolat.
Ce qu'on peut retenir de sa vie, c'est qu'elle a été très heureuse, qu'elle a beaucoup ri.
Elle connaissait quelqu'un de très chouette, c'est pour ça.
Ils se parlaient, ils s'écrivaient, ils riaient.
C'est vrai, tu aurais du voir comme elle était contente quand elle recevait une lettre ou un texto. Comme elle attendait avec impatience que ce bonhomme se connecte sur MSN.
Quand elle lui écrivait chaque semaine, une lettre, chaque jour, un texto, même quand elle avait rien à dire, juste pour donner des nouvelles, elle savait que ça lui faisait plaisir.
Elle avait même des projets de voyage, mais ils ont été annulé, la faute à pas'd'chance. C'est pas grave, elle s'est dit qu'elle avait le temps, qu'elle était jeune.
Et puis un jour, elle est tombée malade. Elle voulait rien dire, mais le médecin lui a demandé de tout lui expliquer. Elle a essayé, mais elle savait pas trop quoi dire, pis elle se disait, "S'il est médecin, il doit bien voir ce que j'ai, c'est son métier."
Elle se disait qu'elle avait jamais été malade de sa vie, ça devait pas être grand chose.
Mais elle s'est rendue compte que son état s'aggravait.
Et plus elle était malade, plus elle s'aigrissait, plus elle s'aigrissait, plus elle semblait malade. [Un peu comme le cercle vicieux des portables hein ?]
Mais elle a toujours été optimiste Clochette, elle se disait qu'elle allait guérir, que le médecin l'aiderait, que ça irait mieux.
Puis petit à petit, elle a appris la résignation.
Le médecin a bien tenté de lui redonner espoir, mais y'avait rien derrière l'espoir apparemment. Les paroles mais pas les actes.
Et un jour, je m'en souviens c'était un mercredi, le dernier de novembre, "l'espoir a fui, vaincu, vers le ciel noir." [Paul Verlaine, Colloque sentimental, si tu te demandes. Fallait bien que je recase une petite citation ^^].
Elle a arrêté d'attendre le remède, et elle a réalisé qu'elle allait mourir.
Elle a arrêté d'aller chez le médecin, et elle a attendu.
Mais elle voulait pas mourir. Toujours cet optimisme, elle était née comme ça. Alors elle a écrit, une fois, deux fois.
Et finalement elle est retournée chez le médecin, un samedi après-midi [Plus cher le week-end, mais bon... Il était de garde fallait en profiter.]
Et là , son sourire est revenu. Elle s'est cru guérie.
Mais le médecin a fait une erreur, et elle aussi. Au lieu d'essayer de la guérir, ils ont ignoré la maladie. Comme si ça allait mieux. Clochette a bien demandé un remède, mais le médecin lui a dit "Plus tard." Elle l'attend toujours.
Je crois que cette visite chez le médecin, pour Clochette, c'est devenu une sorte de rappel du bon vieux temps, pour pas qu'elle meure trop triste en se souvenant que de la fin de sa vie.
Je l'aimais bien Clochette, et je voudrais bien dire qu'elle est pas morte, qu'il lui reste un souffle de vie, qu'elle attend le médecin et son remède. Mais j'crois bien que c'est faux.
Elle pourrait ressusciter bien sûr, Jésus l'a bien fait, pourquoi pas elle ?
Je connais le remède, mais je ne trouve pas le médecin qui pourrait l'aider.
Ce remède, c'est le temps. Pas le temps qui passe, mais le temps qu'on consacre aux gens qu'on aime bien. Pas celui qui est mal utilisé, celui qu'on donne avec plaisir.
Si vous voyez ce médecin, faites-moi signe, je vais sortir la pelle et je commence à déterrer le cercueil. Avec un peu de chance les vers l'auront pas entamée ^^
Clochette est morte. Elle a attendu, elle a pleuré, elle a été déçue ou en colère, mais surtout elle a été très heureuse.
Clochette, c'est un peu comme l'allégorie d'une amitié que je ne trouve plus.
Clochette est morte, mais ça me laissera plus de temps. Y'a toujours Emil, Milienne, Huguette, Maxi-Mimi, Kévinette, Popaluca, et les autres.
P.S. : Y'a une personne que ça pourrait peiner, peut-être, de lire ça. S'il a de la peine, il peut s'imaginer celle que j'ai eu, tout au long de l'agonie de Clochette.
Re P.S. : C'est moyen gai quand même comme article ça. C'est d'la faute de la Petite Fadette, pas la mienne ^^
C'était juste comme ça, en passant.