Il y a quelques années j'ai entendu une histoire, l'histoire de trois frères.
Je me suis dit qu'il serait fort égoïste de ne point vous la faire partager.
Ainsi allait l'histoire que l'on m'a contée.
Il y a fort longtemps dans un loin pays d'orient, un roi avait 3 fils. Ces 3 enfants ne s'entendaient point et ne passaient leur temps qu'à se disputer ; souvent le palais était le terrain de leurs disputes.
Chacun avait une aptitude particulière.
Le plus âgé était fort et musclé, il se servait de ses poings comme de 2 massues et ses 2 frères étaient souvent couverts de bleus.
Le second était le plus intelligent, il se jouait de la force de son aîné en lui tendant des pièges dans le palais et préférait éviter les risques que de tenter de défier la force de son frère.
Le cadet quant à lui n'avait pas son pareil à l'arc. Il pouvait couper un cheveu en 2 à 30 pas et au corps à corps avec son arc il pouvait sans problème défier l'aîné des 3.
Un matin, leur père, las de leurs disputes, les convoqua dans sa chambre. « Mes enfants, leur dit-il, je me fais vieux et il est temps pour moi de choisir celui d'entre vous qui me succédera. »
Aussitôt chacun se mit à vanter ses mérites afin de montrer qu'il était le plus apte à prendre la relève de leur père, mais il mit rapidement fin à leur débats.
« Mes fils, je ne peux choisir entre vous, vous êtes tous capables de me succéder.
J'ai donc imaginé une épreuve qui pourra vous départager. Que chacun parte aussi loin qu'il le peut, explorer des territoires inconnus, et qu'il m'en rapporte l'objet le plus extraordinaire qu'il y trouvera. C'est à cet objet que je jugerai celui qui me succèdera à la tête de notre pays.
Vous avez un an pour accomplir cette tâche »
Le lendemain, ils partirent ensemble après avoir reçu la bénédiction de leur père.
Après 5 jours de voyage, ils arrivèrent à une auberge ; « Retrouvons-nous ici dans un an, dit l'aîné, et nous retournerons ensemble voir notre père. » Ils approuvèrent et après s'être souhaité bonne chance, ils partirent chacun de leur côté.
Le cadet ne tarda pas à arriver dans un monastère loin en haut d'une montagne que la neige ne dégageait qu'aux plus chaudes journées d'été.
Là il demanda à rencontrer le prêtre dirigeant le monastère et lui expliqua son but.
« Tu tombes bien, lui répondit ce dernier après un instant de réflexion, nous avons ici dans ce monastère un trésor immense.
- Et comment me serait-il possible de l'obtenir ? demanda le fils
- Ho cela n'est pas dur, il faudra que tu fasses preuve d'une grande habileté et d'un grand courage. Prends ton arc et suis-moi. »
Et il l'emmena dans une petite pièce adjacente où il lui présenta leur trésor.
« Cette pomme en or est capable de guérir tous les maux de cette terre. Fais-en manger à quelqu'un de malade et aussitôt sa maladie disparaîtra dans l'oubli.
- Incroyable ! Repartit le fils. Et que dois-je faire pour l'obtenir ?
- Ho c'est simple, tu devras transpercer cette autre pomme d'une de tes flèches.
- Rien de plus simple !
- Tu auras les yeux bandés.
- Là non plus, point de difficulté.
- Très bien, dans ce cas procédons à l'épreuve. »
C'est alors qu'un enfant entra et posa la pomme sur son front.
« Mais que fait cet enfant ? demanda le fils.
- Il fait partie de l'épreuve, il gardera la pomme sur son front pendant l'épreuve.
- Mais je pourrais le blesser.
- Cela fait partie de l'épreuve, allons, es-tu prêt ? »
Les moines approchèrent et posèrent le bandeau sur les yeux du cadet des 3 frères.
Il banda son arc et visa.
Mais il ne lâcha pas son trait, il remit sa flèche dans son carquois et quitta la pièce.
Le rattrapant dans la pièce suivant, le père supérieur lui demanda : « Pourquoi as-tu retenu ton tir ?
- Je ne pouvais me résoudre à décocher ma flèche aux risques de blesser cet enfant.
- Pourtant cela t'aurait apporté ce trésor.
- En effet, mais rien ne vaut la vie d'un enfant, pas même ce trésor. »
Le prêtre le regarda pendant quelques instants, le jugeant sûrement, avant de reprendre :
« Je te félicite mon garçon, tu as réussi l'épreuve. Voici ton bien, la pomme d'or. Mais fais-en bon usage surtout.
- J'y veillerai, soyez-en sûr. »
Et il s'en alla retrouver ses frères.
Le second des frères quant à lui eut beaucoup plus facile. Se servant de son intelligence, il n'oublia pas qu'il existait dans l'ouest, au bord du grand océan, une ville, si grande qu'on avait, paraît-il, pas assez d'une semaine pour en faire le tour.
« Si je dois trouver une merveille, ce sera là » et il s'en alla, talonnant son cheval, vers cette ville mystérieuse.
Arrivé là , il se trouva devant un grand dilemme : où chercher le trésor tant désiré ?
Il erra, pendant un mois, dans tous les étals de la ville, ne cessant de chercher ce qui saurait satisfaire son père.
« Il me semble t'avoir déjà vu devant mon étal » lui dit un jour un des vendeurs. Il était petit et vieux mais son étal recelait des biens parmi les plus extraordinaires de la ville, mais aucun qui ne pourrait satisfaire le roi.
« En effet, lui répondit-il, mon père nous a envoyés moi et mes frères afin de trouver dans le monde les trésors les plus formidables pour déterminer celui d'entre nous qui lui succédera.
- Mais il fallait commencer par cela mon cher ami. J'ai ici quelque chose qui pourrait te satisfaire. » Et il lui montra une longue vue des plus banales, en cuivre mat et mal propre.
« Que veux-tu que je fasse de cela ? je ne suis point marin et je ne compte pas m'aventurer en mer. De plus, je peux obtenir de tels objets et bien plus beaux au palais.
- Ho mais détrompe-toi mon ami. Cette merveille peut te montrer des choses. Des choses qui sont bien plus loin que ce que peut montrer une longue vue classique. Il te suffit pour cela de le souhaiter.
- Si tu le dis vieil homme. » Et il tenta d'utiliser l'objet. Il souhaita voir son père et il regarda dans l'œilleton. Il le vit, dans son palais, en train de gérer les affaires du royaume.
« Incroyable ! Dis moi ce que coûte cet objet et je te l'achète de suite. »
Et c'est ainsi que le second frère repartit avec ce trésor vers le lieu de rendez-vous avec ses frères.
L'aîné quant à lui, était parti vers une ville cachée, connue de seuls quelques initiés. Elle est perdue dans les sables du désert, au fond d'une profonde crevasse et accessible uniquement par des voyageurs à pied. Dès leur séparation, il s'était rendu là en espérant y trouver un trésor capable de satisfaire son père.
Il entra dans la ville et fut immédiatement abordé par un vieil homme désirant vendre ses tapis.
« C'est inutile vieil homme, je ne désire pas de tapis, je suis à la recherche de quelque chose de bien plus précieux.
- Ha oui ? Voyez-vous cela… Et je suis sûr que je pourrais t'aider, suis-moi. » Et il l'emmena dans une petite boutique miteuse située au plus profond de la ville. Là il lui montra un tapis, il était somptueusement décoré et brodé d'or.
« Un tapis ? Oui il est vrai qu'il est beau mais j'en ai de bien plus beaux au palais.
- Ho mais des comme ça, tu n'en possède aucun, ceci mon ami est un tapis volant !
- Allons bon, Ã d'autres, tu ne m'auras pas comme cela.
- Dans ce cas, je vais te le prouver… »
Mais il n'en eut pas le temps. Dans un grand fracas, une pierre traversa la fenêtre et répandit sur eux une pluie d'éclats de verre.
« Sors de là brigand ! » cria une voix depuis la ruelle.
Glissant un regard dehors, l'aîné des frères aperçu 3 canailles, musclées et armées de lames aussi longue que leur bras.
« Ce sont des clients mécontents, lui dit le marchant, aide-moi et je te récompenserai.
- Je veux ce tapis en échange de mon aide.
- Ce tapis ? Mais il vaut une fortune !
- Ne vaut-il pas ta vie ? »
Après un instant de réflexion le marchand reprit : « Très bien, tu as gagné, aide-moi à fuir d'ici et je te donnerai ce tapis. »
Ainsi motivé, le prince sortit affronter les 3 malotrus qui menaçaient le marchand. Est-il nécessaire de préciser qu'il n'eut aucune difficulté à se débarrasser d'eux ? Je ne pense pas.
Devant tenir sa parole le marchand lui apprit alors qu'il suffisait de demander au tapis de se rendre à un endroit pour qu'il nous y amène.
Décidant alors de l'utiliser pour rattraper son retard, il lui demanda de l'emmener à l'auberge où lui et ses frères devaient se retrouver.
C'est ainsi que, le lendemain, les 3 frères se retrouvèrent, un an après avoir quitté leur palais natal.
Ils se narrèrent alors leurs aventures et chacun voulu tester le trésor de l'autre.
C'est ainsi que l'aîné demanda à la longue vue de son jeune frère de lui montrer leur père abandonné depuis si longtemps. Mais bien triste fut la chose qu'il vit alors.
« C'est horrible, notre père est terriblement malade ! Il ne lui reste plus longtemps à vivre et nous ne sommes pas à ses côtés. »
Le plus malin reprit alors : « Mais alors, utilisons ton tapis pour lui porter cette pomme et nous pourrons le sauver ! »
Ils s'envolèrent alors vers le palais où ils purent sauver leur père qui, une fois guéri, les convoqua à nouveau.
« Mes fils, j'ai remarqué que vous vous êtes surpassés pour me ramener des trésors formidables, tous plus extraordinaires les uns que les autres.
Néanmoins, je ne puis choisir parmi vous lequel pourrait me succéder.
-Mon père, reprit le plus âgé, nous avons compris que nous étions complémentaires, si vous devez choisir un successeur, choisissez-nous tous les 3 ainsi nous pourrons gérer le royaume »
Et il fit ainsi. Le royaume fut dirigé par les 3 frères qui avaient compris que séparés ils n'étaient rien mais que soudés, ils étaient aptes à affronter la plus violente des tempêtes sans ciller.
[par Nicolas, au fait]
[Des illustrations et couleurs à ajouter ?]