Nombreux sont ceux qui se sont
interrogés
sur la jeunesse et sur ce que fut la célèbre herboriste avant son
arrivée
remarquée au château un jour de tempête lors de cet hiver si violent
que rares
sont ceux qui ont pu y survivre pour s'en souvenir. En effet, ce jour
là , elle
arriva sous la neige, habillée uniquement d'une toge simple et légère
comme
celles que l'on porte lors d'une chaude journée d'été ; cela
fut sans
doute le point qui marqua tous les esprits lors de son
arrivée : une femme
ravissante qui semblait ne pas craindre le
froid, une femme timide
et
réservée qui ne cherchait qu'à rendre service à ceux qui en avaient
besoin (et
nous le savons tous, nombreux étaient ceux qui avaient besoin de ses
services
en cette période). Mais qui est-elle se demandaient-ils, d'où
vient-elle ?
C'est ce que je vais vous narrer ici.
Je
dois admettre que je suis un privilégié car nombreux sont ceux qui ont
tenté
avant moi de percer son secret, et tout aussi nombreux sont ceux qui
ont
échoué. Les recherche au sujet de Ciboulette ne sont pas faciles,
notamment Ã
cause de la réaction du roi, qui, une fois qu'elle l'eut trahi et eut
fui, brûla
tous les écrits relatant ses exploits, toutes ses recettes, tous ses
mémoires,
absolument tout…ou presque. Les souverains souvent ignorent les détails
cachés
de leur royaume, souvent ils ignorent que nombre de leurs sujets ont
caché des
écrits dans la peur que sa réaction soit ce qu'elle fut. C'est ainsi
que grâce
à nombre de « services » rendus, et aussi grâce à la
petite fortune
que mes parents m'avaient léguée,
j'ai
pu patiemment réunir les écrits me permettant de retracer une grande
partie de
la jeunesse de cet être exceptionnel que fut Ciboulette
l'herboriste.
Dans sa jeunesse, Ciboulette commença
comme
toutes les jeunes filles de bonne famille à vivre chez ses parents qui
comptaient la marier à un homme bien placé de la région afin qu'elle
sache,
comme tous les enfants, subvenir aux besoins de ses parents dans leurs
vieux
jours. Mais cela ne suffit pas à Ciboulette…vers ses 17ans, elle
commença à être
attirée par la vie extérieure, elle ne pouvait se contenter de sa
petite
bourgade natale et voulait découvrir des horizons nouveaux et pour cela
elle ne
trouva qu'un moyen. Elle capturait des oiseaux, connus pour les grandes
distances qu'ils parcourent à chaque
changement de saison et leur accrochait des messages aux pattes. Elle
ne savait
pas si quelqu'un trouverait un jour un de ses messages, mais elle
gardait bon
espoir. Ses parents, ne voulant pas
troubler sa jeunesse, la laissait faire. Puis vinrent les réponses,
parfois par
le même oiseau, parfois par messager. Elle se tissa ainsi une vraie
toile
d'araignée qui s'étendait au-delà des frontières, au-delà des océans et
au-delÃ
des guerres (cela n'est en fait que les prémisses du réseau de
fournisseur
qu'elle utilisera plus tard pour lui fournir toutes les herbes dont
elle a
besoin dans ses préparations, il s'agit là d'un de ses secrets les
mieux
gardés).
Puis un jour, elle tomba sur
quelqu'un de
différent, il n'était pas de son pays, il était marin. Peut-être même
un jour
deviendrait-il ennemi de son état, mais cela, elle s'en souciait peu
car il lui
plaisait et cela lui suffisait. Cet homme lui proposa une chose toute
simple,
venir le voir dans son pays natal afin qu'ils fassent connaissance et
qu'elle
voit autre chose que son village natal, elle accepta sans hésiter.
C'est ainsi
qu'elle partit, seule en pays inconnu, Ã la rencontre de cet inconnu
qui lui
proposait de découvrir des horizons
nouveaux.
Et elle y prit gout. Je peux ici
affirmer
sans trop de doute que si cet homme ne l'avait pas invitée, jamais elle
ne
serait devenue ce qu'elle fut. En effet, sans lui elle n'aurait pas
prit gout Ã
la nature, aux choses simples de la vie ; sans lui, jamais
elle n'aurait
eu envie de recommencer à voyager et ainsi jamais elle n'aurait pu
découvrir sa
vocation.
En effet, l'année suivant leur
rencontre,
il lui proposa un nouveau voyage, plus long et dans son propre pays
cette
fois-ci. Bien entendu elle accepta à nouveau avec empressement. Et ils
partirent pendant une lune à 2 chevauchant à travers la campagne
jusqu'Ã des
endroits inconnus de tous que seul leur amour pouvait les pousser Ã
trouver.
C'est durant ce voyage qu'elle se rendit compte qu'elle comprenait
l'essence
même de chaque plante. Elle se rendit compte qu'elle pouvait sans
problème
choisir les plantes qui, une fois mélangées, fourniraient une potion
contre la
fatigue ou au contraire en changeant une plante, une potion pour
favoriser le
sommeil.
C'est alors qu'Ã son retour elle
chercha
les personnes les mieux placées pour lui apprendre ce métier qu'elle
désirait
plus que tout pouvoir pratiquer, l'herborisme. C'est ainsi qu'elle
parcouru Ã
nouveau les régions de son pays à la recherche de ces praticiens bien
peu
reconnus et si peu appréciés sans jamais cesser de penser a son être
aimé
qu'elle savait retrouver une fois sa formation
terminée.
Cette formation elle l'acheva au
château
royal. Comme le veut la tradition, son dernier maitre devait choisir
pour elle
un endroit où elle exercerait sa profession jusqu'à ce qu'elle sente
qu'elle
avait abouti sa formation. Et ce maitre choisit le château royal. Il
savait
bien qu'en cette période de difficultés intenses pour le pays, seule
une
personne avec une aussi forte personnalité que Ciboulette pourrait
aider le roi
et ses ministres à remonter la pente, uniquement par sa présence. Et il
ne se
trompait pas le vieil ermite, peu de temps après son arrivée, la vie du
château
avait reprit sa vivacité et son efficacité, jamais le royaume n'avait
connu telle opulence, et bien entendu personne ne se doutait de la
personne qu'il
fallait remercier.
Mais Ciboulette n'était pas heureuse,
son
cœur tendait toujours vers le pays voisin, celui où l'élu de son cœur
travaillait si dur pour une seule chose : permettre à sa bien
aimée
d'avoir une vie confortable une fois qu'elle le
rejoindrait.
Ce qu'elle fit peu de temps après.
Voyant
que son rôle était terminé elle voulut partir mais eut le malheur d'en
informer
son roi. Ce dernier, si avide et cupide, ne désirait pas laisser partir
la
source de son succès, aussi l'enferma-t-il dans sa tour. Mais
Ciboulette ne se
laissa pas faire ! Jamais il ne faut négliger l'importance des
amis qui
peuvent aider quelqu'un. C'est donc grâce à l'aide de son apprenti mais
aussi
de ses amis les plus proches du château (et aussi grâce à quelques
poudres bien
utiles pour endormir les gardes) qu'elle se faufila un soir hors du
château
pour se dépêcher de filer là où son cœur la guidait depuis toujours.
C'est ainsi que se finit l'histoire
de la
jeunesse de Ciboulette, mais chuuuut cela doit rester entre
nous…